Courbet et Fribourg

Courbet et Fribourg

En novembre 1875 l’illustre artiste français Gustave Courbet offre au Cercle littéraire et de commerce de Fribourg 75fribourgbourgun buste en plâtre qui sera installé dans la grande salle du siège de la société, à l’hôtel des Merciers. Le fait est mentionné dans les procès-verbaux du Cercle à la date du 25 novembre. Courbet est fait membre honoraire et sera invité au banquet annuel. Une lettre du peintre, datée du 15 décembre, remercie et accepte l’invitation. Le banquet du Cercle a lieu le 19 décembre. Le Confédéré, journal des radicaux fribourgeois des 24 et 29 décembre 1875 relate l’événement.

Quelles sont les raisons et les circonstances de ce don ? Pour bien le comprendre, il nous faut revenir quelques années en arrière dans le parcours de vie de Gustave Courbet.

La Commune de Paris (1871) et l’exil en Suisse (1873-1877)

Quand éclate la guerre franco-allemande de 1870, le peintre Gustave Courbet, cinquante et un ans, est alors au faîte de la gloire et il déborde de créativité. Ne voulant pas quitter Paris assiégé par l’armée allemande, il s’engage dans la politique active, présidant notamment la Commission des arts chargée de la sauvegarde des musées. Après la défaite française à Sedan, Courbet intercède pour la paix en écrivant des Lettres ouvertes à l’armée allemande et aux artistes allemands, dans un grand mouvement pacificateur. Dans un même élan, il exhorte le gouvernement à « déboulonner » la colonne Vendôme, puissant symbole guerrier. Durant la Commune (ce mouvement insurrectionnel qui instaure le premier gouvernement prolétarien à Paris durant quelques mois), il joue toutefois un rôle discret : conseiller municipal du 6e arrondissement, délégué à l’Instruction publique, il était chargé de la surveillance des musées en tant que président de la Fédération des artistes (dont font partie entre autres Corot, Daumier, Manet et Millet). Lorsque le gouvernement provisoire décrète la destruction pure et simple de la colonne Vendôme, le peintre propose plutôt de la « déboulonner » et de transporter les bronzes qui la recouvre aux Invalides car, explique-t-il, « il n’appartient pas aux artistes dont la mission est essentiellement créatrice, de détruire un objet d’art, si mauvais soit-il ». Il n’est pas entendu, elle sera renversée ! A la chute de la Commune, Courbet est arrêté et comparaît le 14 août 1871 devant le Conseil de guerre à Versailles. Malgré de nombreux témoignages en sa faveur, il est condamné à six mois de prison et à l’amende pour participation à l’insurrection. Après avoir purgé sa peine à la prison de Sainte-Pélagie, puis, sa santé s’étant dégradée, dans une maison de santé de Neuilly, il se retire dans son Jura natal dès le printemps 1872 pour reprendre des forces. Mais en 1873, après la chute d’Adolphe Thiers, le gouvernement de Mac-Mahon s’acharne sur l’artiste franc-comtois et décide de lui faire supporter tous les frais de reconstruction de la Colonne Vendôme. Une saisie-arrêt est décidée par la justice sur tout ce qu’il possède à Paris et à Ornans. Craignant un nouvel emprisonnement, Courbet passe la frontière clandestinement aux Verrières le 23 juillet, s’installe à Fleurier pour quelques semaines, puis se rend sur la Riviera vaudoise (Chillon, Montreux, Vevey). En automne 1873, il se fixe à La Tour-de-Peilz qui deviendra son port d’attache. De là, il voyage beaucoup en Valais, dans la Gruyère, à Genève et dans le Jura.

Pourquoi Courbet choisit-il la Suisse ?

À part le fait que la Suisse est proche de son pays natal et de sa famille, il y a une raison politique : la Confédération de 1848, alors un des seuls états libéraux d’Europe, avait attirés de nombreuses vagues de réfugiés politiques au cours du 19e siècle. La Suisse avait acquis une réputation de « terre d’asile » : libéraux allemands du Vormärz, patriotes italiens du Risorgimento, républicains français à l’époque du Second Empire et enfin réfugiés de la Commune de Paris trouvèrent pour la plupart un refuge temporaire sur son territoire. La presse helvétique, qui avait insisté sur les aspects violents des révolutionnaires (incendie de Paris, exécution d’otages), tentera en revanche de minimiser les atrocités de la répression versaillaise (près de 20 000 communards massacrés ou exécutés sommairement) qui mit un terme à la Commune de Paris. Néanmoins, la Suisse accueillit les exilés (environ 800 personnes, dont une bonne partie à Genève et dans le Jura). Le gouvernement helvétique se refusa avec détermination à les livrer aux autorités versaillaises, invoquant la nature politique des délits dont étaient accusés les proscrits français.

Les relations de Courbet avec Fribourg

Courbet connaissait déjà Fribourg et sa région pour y être venu entre 1853 et 1854 : il rendait visite à son cousin et ami d’enfance, l’écrivain franc-comtois Max Buchon (1819-1869), qui vécut plusieurs années à Fribourg et à Berne, proscrit de France comme opposant politique à l’empereur Louis Napoléon. Courbet avait fait alors la connaissance d’Alexande Daguet (1816-1894), homme de lettres et politicien qui fut l’âme du mouvement intellectuel libéral du canton de Fribourg. Il avait également rencontré à cette époque le professeur fribourgeois Auguste Majeux (1828-1885), l’une des figures importantes de l’élite culturelle et politique gruérienne. Ce dernier s’était en outre engagé en faveur des internés français après la retraite des troupes de Bourbaki en 1871 et, comme Courbet en 1870, il avait refusé la Légion d’honneur que l’Empereur lui offrait.

Il n’est donc pas étonnant que, vivant en exil sur la riviera lémanique, le peintre renoue avec ses anciens amis fribourgeois, notamment avec les plus progressistes. Il avait également tissé des liens étroits avec les cercles radicaux à Genève, à Lausanne et à La Chaux-de-Fonds. Si nous ne possédons pas de documents, ni de témoignages, qui permettraient de le suivre jour après jour dans ses pérégrinations helvétiques, quelques épisodes importants concernant les séjours du peintre à Fribourg peuvent être racontés.

Courbet crée un petit scandale aux Cordelier (1874)

Le 25 juillet 1874, Courbet distribue les prix lors des promotions des écoles de Fribourg, invité par le professeur Auguste Majeux, dans l’église des Cordeliers de cette ville. Les réactions des catholiques les plus conservateurs sont vives et en témoigne une lettre ouverte indignée du gardien du couvent des Cordeliers, destinée au Conseil communal, publiée dans La Liberté du 31 juillet 1874 :

Monsieur le Président, Messieurs les Conseillers,

Il m’est revenu que vous avez jugez à propos d’inviter officiellement M. Courbet, le trop fameux démolisseur de la colonne Vendôme, pour assister avec vous à la séance de distribution des prix dans notre église. Or, ce n’est que parce que nous le voulons bien que nous vous cédons notre église pour cette solennité, en faisant toutes les réserves nécessaires pour que le respect dû au lieu saint ne soit pas violé. Mais, sans parler de l’outrage sanglant jeté par l’invitation de cet homme à la face des familles honnêtes de la ville de Fribourg, sa présence seule, dans des circonstances semblables, est une profanation. […]

Veuillez agréer, Messieurs, mes salutations.

F. Modeste, gardien des Cordeliers

On comprend mieux le déroulement des événements en lisant la mise au point que le directeur des écoles, Auguste Majeux, fait parvenir, le 12 août 1874, au Confédéré, journal des radicaux fribourgeois :

Le Conseil communal de Fribourg a été pris à partie et incriminé, en termes aussi passionnés qu’injustes, pour un fait qui ne le concerne en rien, et dont je tiens à revendiquer pour moi seul toute la responsabilité. Je veux parler de la présence de M. Courbet à la distribution des prix des écoles primaires dans l’église des Cordeliers. Je connais M. Courbet depuis quelque seize ou dix-sept ans. En compagnie de son compatriote jurassien, le si regretté Max Buchon, l’aimable poète franc-comtois, M. Courbet était venu pour la première fois alors visiter la Suisse et Fribourg, qu’il aime beaucoup. […] Mon premier mouvement ne fut pas, il est vrai, de penser à la colonne Vendôme : ce fut tout simplement un mouvement de politesse envers un étranger, un étranger de distinction, un grand artiste quand même, un ancien ami enfin. Je lui proposai d’assister avec moi à notre distribution des prix, lui promettant intérêt et plaisir au milieu de ce charmant essaim de têtes brunes ou blondes. […] je le fis asseoir près de moi, au milieu ou en face d’ecclésiastiques, de pères et de mères de famille, tous beaucoup plus flattés ou plus agréablement surpris que scandalisés de la présence du peintre français. Et voilà mon crime ! […]

 

Courbet ne sut probablement rien de cette polémique car il partit pour Zurich, comme il l’écrit dans une lettre du 26 juillet à son logeur de La Tour-de-Peilz:

Je suis resté à Fribourg pour satisfaire à diverses invitations. Hier j’ai été invité par quelques magistrats de la ville, entre autres par le professeur Majeux, pour assister à la distribution générale des prix des écoles de cette ville. J’ai distribué aux jeunes filles et garçons plus de 100 volumes dorés sur toutes les coutures, à la grande satisfaction des habitants de cette ville. C’était admirable ! La Société de gymnastique vient de m’incorporer dans leur députation pour la fête de Zurich […] J’ai fait faire des chemises à Fribourg. Si j’ai des lettres ou autre chose envoyez-moi cela à l’Autruche, chez M. Jacques Despont, à Fribourg.

Le République/Helvetia devient Liberté

Comment Courbet est-il entré en relation avec les membres du Cercle littéraire et de commerce ? Nous devons nous contenter d’hypothèses, en l’absence de documents. Revenons au début de cette année 1875 : en mars, Courbet offre officiellement un buste de la République/Helvetia à la Municipalité de La Tour-de-Peilz à titre de reconnaissance pour le bon accueil que le peintre a reçu dans cette ville. Celle-ci accepte d’en faire couler un exemplaire en fonte pour installer sur la fontaine de la place du Temple. Le buste que Courbet offre aux habitants de la Tour-de-Peilz est donc un « hommage à l’hospitalité », comme indiqué sur le socle, mais en même temps un symbole de la Confédération radicale de 1848 qui avaient réussi sa « révolution », contrairement aux autres pays d’Europe. Sans vouloir mettre en doute la sincérité de Courbet dans son désir de remercier la population de La Tour par un geste concret, il est probable que d’autres facteurs encore le motivent. En offrant une sculpture pour une place publique, Courbet avait trouvé un moyen simple d’imposer une de ses œuvres à la collectivité et de l’exposer en permanence à la vue de tous. Il organise en outre une exposition dans son atelier le jour de l’inauguration (15 août) et il fait cadeau à l’avocat radical lausannois Louis Ruchonnet d’une réplique en plâtre du buste, que celui-ci s’empressera de donner au musée Arlaud ! Une petite opération de relation publique menée de main de maître. Mais ce que l’artiste n’avait certainement pas prévu, et qui augmentera encore l’écho de sa démarche, ce sont les remous que suscite l’interprétation politique de son œuvre par une partie de la population.

libertehelvetia

Pour cette allégorie, il avait choisi une femme partiellement dévêtue, véhémente et portant bonnet phrygien, plus proche de la version populaire de la Marianne adoptée par la révolution communaliste que de la Marianne chastement vêtue et grave de la République modérée ; l’association de cette république « socialiste » avec l’écusson national suisse dans l’échancrure du corsage pour en faire une allégorie de la Confédération ne pouvait que susciter les protestations des conservateurs. Ceux-ci furent choqués par le bonnet phrygien « qui représente le bonnet rouge révolutionnaire et qui ne convient point à une pacifique commune suisse » et obtinrent que la Municipalité priât Courbet de remplacer la croix fédérale par une étoile à cinq branches et d’intituler son buste Liberté, afin « d’empêcher toute interprétation au point de vue politique ». Courbet s’exécuta de bonne grâce, mais la polémique se poursuivit dans la presse de la riviera lémanique. L’artiste sera défendu par ses amis radicaux (Georges Favon, Louis Ruchonnet notamment). Ce n’est donc pas un pur hasard si deux des fiefs du radicalisme suisse romand de l’époque, Martigny et Fribourg, seront les prochains bénéficiaires des opérations de promotion de l’artiste français. Il offre un buste en bronze pour la Grande Place de Martigny en septembre 1875, soutenu en cela par deux conseillers radicaux valaisans, Charles Piota (1818-1894) et Jules Thovex (1832-1885).

Courbet, membre honoraire du Cercle littéraire et de commerce

En 1875, l’avocat radical Isaac Gendre est président du Cercle littéraire et de commerce de Fribourg et il est fort probable que son ami Louis Ruchonnet, l’ait mis en contact avec le peintre d’Ornans. En tous cas, ce dernier offre un exemplaire du buste de l’Helvetia/Liberté au Cercle, comme cela apparaît dans les procès-verbaux de cette société à la date de l’assemblée du 25 novembre 1875, réunie sous la présidence de Gendre :

Lecture est donnée à l’assemblée d’une lettre de M. Courbet peintre à La Tour-de-Peilz près Vevey, lettre par laquelle ce généreux citoyen informe qu’il dote le Cercle de la copie en gypse du buste représentant l’Helvétie ou la Liberté. S’occupant de la question de l’emplacement pour y placer le buste, le bureau avait chargé M. Fraisse architecte de faire deux projets de piédestal et s’entendra avec ce dernier. L’emplacement le plus approprié à cela serait l’angle de la grande salle du côté de la Place de Notre-Dame et de la rue du Tilleul. Avant la décision à ce sujet, le plan dessiné par M. Fraisse et donnant une idée concrète de la chose est soumis à l’examen des membres de l’assemblée. Sur la demande de M. Edouard Spielmann, le buste est apporté dans la salle. Après une discussion assez longue et ensuite de l’exposé de M. Fraisse, il est décidé que le buste serait placé dans l’angle désigné et que le piédestal serait fait en stuc suivant le plan soumis à l’assemblée et dont le coût pourra revenir à une cinquantaine de francs.

Le bureau trouvant convenable que l’installation du buste soit un jour de fête pour les membres du cercle, propose d’en faire l’inauguration durant le banquet annuel du cercle auquel, il n’est pas besoin de le dire, M. Courbet serait chaleureusement invité. Cette proposition est accueillie avec plaisir et, sur la proposition de M. Schmid, M. Courbet est acclamé membre honoraire du cercle littéraire et de commerce. […] Le jour du banquet est fixé au dimanche 19 décembre prochain.

Le 15 décembre 1875, Courbet envoie une lettre de remerciements :

Monsieur le Président du cercle littéraire et de commerce de Fribourg,

J’ai été ému à la lecture de la lettre que vous m’avez adressée en date du 25 novembre dernier. Je conserverai le diplôme qui l’accompagnait comme un des souvenirs les plus précieux de mon existence d’artiste et de citoyen. C’est vous dire, Monsieur le Président et chers collègues, que je n’accepterais pas les compliments si flatteurs que vous m’adressez si je ne tenais compte des sentiments généreux qui vous les ont inspirés. Ces sentiments honorent votre cercle auquel j’exprime ici ma plus vive et plus sincère reconnaissance. J’accepte de grand cœur le rendez-vous que vous m’adressez pour le 19 de ce mois ; nous boirons ce jour-là au bonheur et à la prospérité de votre noble patrie qui [vient] d’acquérir un nouveau titre à mon estime et à mon affection. Recevez, Monsieur le Président et chers collègues, une fraternelle poignée de main. Tout à vous. Gustave Courbet. J’espère partir samedi à midi de Vevey, en tous cas le soir.

Le 19 décembre 1875, le peintre est à Fribourg et participe au banquet du Cercle littéraire et de commerce. Le Confédéré, journal des radicaux fribourgeois des 24 et 29 décembre relatera en plusieurs épisodes avec force détails l’événement et les discours qui s’y sont tenus. Le discours de Courbet ne manque pas de souffle :

La Liberté est le patrimoine commun de l’humanité ; elle n’appartient à aucun pays en particulier et peut se manifester dans tous, à une condition toutefois, c’est que le génie de l’artiste ne soit point entravé par des préoccupations étrangères à l’idée qu’il veut exprimer. La figure que je vous ai adressée n’appartient non plus à une caste quelconque, dont elle exprimerait les traditions, les aspirations, les colères ou les haines. Non, elle appartient à la société tout entière. Elle ne menace, ni ne hait ; elle affirme je crois dans son ensemble le sentiment qu’elle possède non seulement de sa grandeur, mais aussi de sa bonté, j’ai dit « de sa bonté », car ma Liberté est bonne aussi, bonne surtout. Si, contrairement aux emblèmes actuels de la Suisse, elle ne porte pas le front ceint de lauriers, c’est que les peuples (à mon avis) n’ont pas besoin de gloire guerrière pour être heureux. C’est dans cet esprit que cette Liberté a été acceptée par beaucoup de Suisses. Vous, Fribourgeois, vous serez, je l’espère, du même avis, car vous êtes courageux et intelligents des choses de l’esprit et de l’art. Les travaux gigantesques exécutés dans votre canton témoignent de votre force et rappellent dans ces temps modernes les grands travaux faits autrefois.

 

Le Confédéré du Valais, dans sa livraison du 30 décembre 1875, relatera également l’événement :

 Fribourg – Dimanche a eu lieu, à l’hôtel des Merciers, le banquet annuel du Cercle littéraire et de commerce de la ville de Fribourg. Plus de 150 convives se trouvaient réunis, parmi lesquels on remarquait avec plaisir la présence de quelques députés genevois de l’Assemblée fédérale, MM. Carteret [Antoine Carteret, 1813-1889, conseiller national radical], Vautier [Moïse Vautier, 1831-1899, conseiller aux États radical] et Dufernex [Benjamin Dufernex, 1834-1885, conseiller aux États radical], siégeant en ce moment à Berne, et du célèbre peintre et sculpteur français Courbet, invité tout particulièrement à cette petite fête patriotique des libéraux de la ville de Fribourg, ensuite du généreux don qu’il vient de faire au Cercle du Commerce, consistant en un magnifique buste en gypse représentant la Liberté helvétique.

Courbet à Bulle avec le Cercle des arts et métiers (1876)

Le 6 janvier 1876, Courbet sera encore une fois invité à un banquet, celui du Cercle des Arts et Métiers de Bulle qui fête l’anniversaire du soulèvement radical de janvier 1847. Selon des informations parues dans Le Confédéré du 16 janvier de cette année-là :

De nombreux toasts et discours se mêlaient aux chants et aux fanfares […] M. Courbet, invité au banquet, a remercié le Cercle et porté sa santé à la Suisse républicaine.

Le 22 janvier, Courbet écrit à son ami Jules Castagnary et relate avec emphase les festivités fribourgeoises de décembre 1875 et janvier 1876 :

J’ai été reçu à Fribourg et dans tout le canton par acclamation membre honoraire et à perpétuité des sociétés démocratiques qui sont dans ce pays-là très nombreuses. Les fêtes ont duré trois semaines avec des banquets de 300 personnes. Ma statue a eu le plus grand succès.

Voilà ce que nous savons des rapports de Gustave Courbet avec le Cercle. Quant au buste offert, il n’est pas repérable, peut-être a-t-il été perdu ou cassé lorsque le Cercle a quitté ses locaux de l’hôtel des Merciers pour s’installer à la rue Saint-Pierre ?

Vevey, avril 2016                                                                                          Pierre Chessex

 

Références

Archives de l’état de Fribourg, CH AEF, Cercle littéraire et de commerce 14.8 lettre de G. Courbet et 3. protocoles 1859-1883

Cercle littéraire et de commerce Fribourg, Banquet du centenaire, 1814-1914

André et Henri Gremaud, Cercle littéraire et de commerce Fribourg : 1816-1966

Chessex, « Un exilé politique de la Commune : Courbet en Suisse (1873-1877) », in Swiss, made. La Suisse en dialogue avec le monde, publié par Beat Schläpfer, Genève, Zoé, 1998, pp. 105-118.

Gustave Courbet. Les années suisses, catalogue d’exposition, Genève, Musée d’art et d’histoire, 2014-15.