Avant la guerre de 1914

Est-ce signe d’un certain affadissement ? Ou intérêt porté à la jeunesse qui monte ? Le 15 mai 1909, sur l’intervention de Me W. Bartsch, le Cercle loue sa buvette à une société d’étudiants, les Rodensteiner, moyennant une modeste redevance mensuelle. Mais ces hôtes se révèlent bruyants. Les soirs de « kneipp » sont plus que chaleureux et les autres locataires ne se félicitent point de ces juvéniles présences. Cependant, « nous tenons à les garder », dit le procès-verbal[1]. Cette bonne volonté est si marquée qu’on patientera jusqu’à fin décembre 1916, où l’on dénoncera le contrat qui lie le Cercle aux Rodensteiner, pour le mois de mai 1917.

Flambée patriotique : on présente aux membres du Cercle, le 11 octobre 1909, la maquette du monument qui sera érigé en Gruyère au Tourain Pierre-Nicolas Chenaux, héros des libertés populaires. A la vérité, il faudra attendre jusqu’en 1933 pour que soit inaugurée, à Bulle, la fontaine commémorative surmontée d’une effigie de bronze.

L’effectif du Cercle demeure nombreux. Le budget pour l’année 1910 suppute que l’on aura 20 membres externes payant une cotisation de 5 fr., 40 membres internes (jeunes), acquittant une redevance de 10 fr. et 140 membres ordinaires astreints à une contribution de 20 fr.

Le 21 décembre 1910, « comme d’habitude », le Cercle souscrit à cinq parts destinées au soutien de « L’Indépendant ». On organise une souscription en faveur d’un certain « procès des sifflets » qui se déroula à Romont[2], auquel fut mêlé l’administrateur postal Joseph Gobet qui fut co-auteur (avec l’écrivain Victor Tissot) du premier Almanach de Chalamala. Mais on n’ira pas, l’automne venu, jusqu’à accepter de vendre, dans les locaux du Cercle le virulent pamphlet antigouvernemental. Une demande, à cet effet, ne sera pas reçue.

Voici pour l’idéologie. On n’oublie pas les actions philanthropiques. Le Cercle ayant organisé, en 1911, une fête d’automne, il en répartit libéralement le bénéfice. Les soupes économiques et les soupes scolaires, les colonies de vacances réformées et l’œuvre des Galoches reçoivent d’appréciables dons. Ni la Cavalcade de 1910, ni l’incendié de Corpataux en 1918, ni — en 1922 — la création des bains de la Motta, pas plus que le Tir fédéral de 1934, ne laisseront insensibles les organes du Cercle. On tient à marquer une présence et certaines constantes.

Mais on est jaloux des anciens privilèges. Une circulaire du Conseil d’État au Préfet de la Sarine, le 19 janvier 1912, fut communiquée au Cercle. Ayant trait à la fréquentation des établissements publics par les externes du collège, ce document disait « que le surveillant des externes du collège revêt la qualité d’agent de police » et a le droit, à toute heure, d’inspecter ces établissements. On s’émut et rappela à ce propos la déclaration du conseiller d’Etat Schaller au Grand Conseil (1893) : « Les Cercles propriétaires et ceux locataires à long terme sont régis par leurs statuts. Personne n’a le droit d’y pénétrer ». Le procès-verbal est explicite : « … tout le monde est d’accord sur le genre de réception que devra recevoir l’agent en question s’il se présente au Cercle ! ».

[1] Protocole du 11 décembre 1909

[2] Protocole du 23 février 1910