La vie du Cercle après la guerre de 1914 – 1918

Mais la vie reprend, avec un « quotidien » qui marque moins d’exaltation. Déjà, au printemps de 1918, le comité relevait « la situation délicate dans laquelle se trouve notre société », et le peu d’empressement témoigné par une fraction des adeptes du Cercle.

L’assemblée du 3 février 1919 décidait la réimpression des statuts, avec une révision opérée sur la forme plutôt que sur le fond. Mais l’évolution se marquait plutôt sur la question d’une vente éventuelle de l’immeuble, « si l’on se trouve en face d’une offre ferme d’achat ». A la vérité, l’on était pessimiste quant à la manière dont on sortirait d’une situation financière préoccupante. En juin de la même année 1919, on constituait une « grande Commission financière », pour assurer l’avenir du Cercle, « cette institution de liberté et de progrès ». Une offre était enregistrée de la part d’une agence immobilière, qui désirait acquérir l’immeuble du Cercle pour la somme de 200.000 francs.

La sagesse prévalut. Les projets esquissés pour la vente devaient enregistrer un « enterrement complet », après d’abondantes discussions.

Il n’est pas inutile de placer ici le texte d’un message télégraphique adressé par le président Ch.-E. Ochsenbein au Cercle des Arts et métiers de Bulle, qui tenait son agape annuelle

Cercle Commerce Fribourg auquel se joint comité cantonal souhaite bon succès à soirée-choucroute en regrettant de ne pouvoir être parmi vous ce soir.

Comme vous, sommes persuadés que l’avenir appartient à l’idéal que nous défendons et pour lequel nos prédécesseurs ont lutté et tout sacrifié. Comme eux « nous maintiendrons » et restons convaincus que le progrès et les libertés populaires sont en marche et triompheront. En mettant à exécution partie de nos revendications passées, nos adversaires eux-mêmes ne nous donnent-ils pas raison

Haut les cœurs et vive le parti libéral-radical fribourgeois.

Au Cercle, les manifestations internes avaient repris, avec les lotos (suspendus à l’époque de la grippe de 1918). De même, les bals d’enfants, supprimés en 1914, voyaient leur renouveau au Carnaval de 1920. Abandonnés au début de la guerre, les banquets annuels furent remis en honneur en 1922. Le Conseil d’Etat, au printemps 1920, accordait aux Cercles trois soirs de prolongation (les dimanche, mercredi et samedi), les autres soirs, la fermeture devant s’opérer à 11 h. 15. Les grandes consultations populaires donnaient lieu à des séances d’information.

Sur l’entrée de la Suisse dans la Société des Nations, le Cercle s’affirmait. Il engageait ses membres à déposer dans l’urne un « oui », par opposition à certains milieux militaires et à la gauche qui, singulièrement, étaient unis dans une position négative.

On a fait allusion au « différend » qui opposait le Cercle à l’autorité, à la suite de l’interprétation des articles régissant la fermeture. On en était arrivé, au début de 1919, à recevoir en une fois — ô Clochemerle ! — 48 citations pour fermeture tardive, assorties chacune d’une amende de 50 fr. L’histoire alla jusqu’aux instances fédérales. Finalement, la sagesse prévalut. Le temps de guerre était passé. La Confédération ne fut pas inflexible. Le Conseil d’Etat ramena, par un jugement à la Salomon, à une somme acceptable le montant global des amendes. En bref, la raison triompha…