L’entre-deux guerres

Sur les principes, la position du Cercle demeure. On veut éviter, auprès des aspirants, le malentendu. Ainsi en témoigne le message suivant :

Avant de présenter votre candidature devant l’assemblée générale, nous estimons notre devoir de vous exposer que notre Cercle est lié intimement avec l’association démocratique du parti libéral-démocratique dont il représente, en quelque sorte, le foyer intellectuel…

Journée de liesse, le 28 décembre 1921. M. Victor Buchs, membre du Cercle, est nommé Président du Conseil d’Etat. L’honneur en rejaillit sur le Cercle. La présidence du gouvernement n’avait plus été le fait d’un citoyen libéral depuis 1856, année où elle fut dévolue au conseiller d’Etat Julien Schaller. Le Cercle littéraire et de commerce avait accueilli triomphalement le président du gouvernement d’alors, qui était en outre revêtu de la charge de conseiller aux Etats.

Le 4 décembre 1921, 90 députés fribourgeois décernent au directeur des Travaux publics, M. Victor Buchs, un hommage éclatant. En ce magistrat, représentant de la minorité, le Cercle voit honorer le mérite. Par la bouche du président Ochsenbein, dans une veillée chaleureuse, on constate que « les idées de liberté, d’indépendance et de tolérance font du progrès »

L’année 1922 voyait encore une détermination, et l’histoire se renouvellera. Le Cercle prenait position quant à la votation sur l’éligibilité des fonctionnaires. Attitude négative, qui n’eut pas l’heur de plaire à tous les membres. Quatre d’entr’eux démissionnèrent.

Le ménage du Cercle allait son chemin. L’an 1929, on refit la toiture du bâtiment. Des travaux de transformation étaient entrepris en 1931. Dépenses considérables, et les difficultés financières demeurent latentes. En 1939, il est à nouveau question de la vente du bâtiment. La Commission habilitée en fait la proposition à la majorité. On dénonça même le bail qui liait le Cercle à son tenancier, M. Gaston Genoud. Mais l’opposition aux perspectives de vente demeurait efficace. Fallait-il devenir locataires et n’être plus maîtres chez soi ? Après que le Président Henri Bardy eut attiré l’attention de l’assemblée sur les conséquences graves qu’entraînerait l’aliénation de l’immeuble pour la diffusion des idées libérales dans la capitale, un membre, (M. Vicarino), opinait justement: « Au bout de peu de temps, nous n’aurions ni argent ni Cercle ! » Un membre externe, même, M. Jules Blanc, du Cercle des Arts et Métiers de Bulle, déconseillait fortement cette opération. L’existence du Cercle était en jeu. On alla jusqu’à énoncer cette proposition : « Faut-il dissoudre le Cercle, ou pouvons-nous vendre sans discussion ? »

La raison, heureusement, prévalut. Les amateurs du bâtiment retirant leur offre, on renouvela le bail du tenancier, le 17 mars 1939.